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Bethel Finance actualités:Dans une interview au Figaro, Yuval Steinitz, ministre des Finances israélien, explique la politique économique hétérodoxe mise en place par son pays depuis 2008. Un modèle dont l'Europe et les États-Unis devraient s'inspirer.
Jamais Israël n'a bénéficié d'une telle prospérité économique depuis sa création en 1948. Son niveau de vie le classe désormais dans la catégorie des «pays avancés» selon les organisations internationales. Sa croissance, qui a été de 4,7 % en 2010 et pourrait atteindre 5,4 % en 2011 dixit l'OCDE, est digne d'un «pays émergent». De passage à Paris, Yuval Steinitz y voit la récompense d'une politique économique hétérodoxe et imaginative. «Nous avons procédé à l'inverse de tous les autres gouvernements. Au lieu d'augmenter les dépenses publiques et d'alléger les impôts au milieu de la crise pour soutenir l'activité, nous avons suivi un raisonnement différent», explique au Figaro cet ancien philosophe de 53 ans, auteur de best-sellers, entré à la Knesset en 1999 et devenu ministre des Finances il y a deux ans.«Notre message a été clair : l'avenir est plus important pour le présent que le présent lui-même. Nous avons investi toute notre énergie et notre argent pour offrir des perspectives rassurantes aux consommateurs et aux entreprises. Car si vous aggravez les déficits publics de façon à préserver la situation actuelle, personne ne voudra investir par manque de confiance dans une économie incapable d'équilibrer ses comptes.»
C'est ainsi que la TVA a été relevée, de 15,5 % à 16,5 % en juillet 2009, alors que la récession menaçait encore. «Mais en même temps nous avons présenté aux ménages et aux entreprises des engagements de réduction d'impôts d'ici à 2017 et cela a été inscrit dans un texte législatif.»
Autre initiative révolutionnaire, qui sur le moment a suscité la colère de Stanley Fischer, le gouverneur de la Banque d'Israël par ailleurs économiste de réputation mondiale, Steinitz a fait voter une loi de finances sur deux ans, rompant avec la tradition d'annualité budgétaire de toutes les nations démocratiques. «Les autres pays devraient en faire autant : que l'État engage son budget sur vingt-quatre mois constitue un message de confiance adressé aux décideurs privés.» Le FMI rend hommage à cette démarche, «qui a contribué à stabiliser les anticipations au milieu de la crise et a établi un précédent important pour le futur», notent les experts de Washington dans leur examen annuel de l'économie israélienne.
Égypte et Tunisie
L'an dernier, 110.000 emplois ont été créés, deux fois plus qu'il n'en fallait pour stabiliser le chômage, désormais en déclin rapide (son taux est tombé de 7,6 % en 2009 à 6,2 % en 2011, selon l'OCDE). Le déficit public a été ramené à 3,8 % du PIB et il passera à 3 % en 2011, puis à moins de 1 % en 2013, égrène Yuval Steinitz. Citant volontiers Aristote et sa théorie de la finalité, il considère que «la meilleure façon de promouvoir l'économie est de se concentrer sur le long terme». Pour le moment, «il est trop tôt pour évaluer les conséquences», estime-t-il à propos des révolutions démocratiques en Tunisie et en Égypte, tout en espérant que cela ne débouchera pas «sur des régimes militaires ou fondamentalistes».
Certes, le pays est habitué «à se développer dans un environnement (régional) difficile». Son économie est d'ailleurs essentiellement orientée sur les États-Unis et l'Europe, qui représentent 60 % de ses exportations. Les liens sont intenses avec le secteur des hautes technologies américaines, dont tous les grands acteurs ont établi des têtes de pont. «Les Américains disent qu'Israël est leur troisième centre de recherche avec la Silicon Valley et Boston», souligne le ministre des Finances d'un pays qui consacre 4,5 % de son PIB aux dépenses civiles de recherche et développement.
La rançon de tels succès, ce sont les afflux de capitaux devenus intempestifs. «Nos réserves de changes ont augmenté de près de 50 milliards de dollars en deux ans, et le shekel s'est fortement réapprécié, passant de 5 à 3,5 shekels pour un dollar. Au point que nous devons inciter nos fonds de pension à investir à l'étranger» , observe Yuval Steinitz, là encore en total décalage avec les autres économies avancées. L'Europe et les États-Unis ont beaucoup à apprendre.
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